JM Deiss commence par expliquer clairement que sa recherche est plutôt une quête de sens et d’éthique qu’une recherche de qualité. La qualité d’ailleurs, qu’est-ce que ça veut bien dire ? C’est un concept tellement lié au goût des consommateurs que même chez MacDonald ils peuvent déclarer avoir un produit de qualité.
La quête de sens de JM Deiss s’articule autours de quelques concepts fondamentaux :
1) Co-dépendance de la vigne et de l’homme
La vigne est aujourd’hui très loin de son biotope d’origine. A l’état sauvage la vigne est une liane, a les pieds dans l’eau et ne produits pas de fruits.
L’intervention de l’homme a complètement renversé la structure même de la plante, qui aujourd’hui ne peut pas survivre sans l’homme. La vigne et l’homme aujourd’hui ont besoin l’un de l’autre.
2) Terroir
Le terroir n’existe pas géologiquement, mais il est le résultat de l’effort conjugué de la plante et de l’homme.
Il est indispensable que la vigne puise en profondeur : si elle restait en surface, là où la terre s’appauvrit, elle deviendrait vite dépendante des engrais. Le vigneron coupe donc ses racines superficielles pour forcer la vigne à plonger dans le sol et plante ses vignes avec une grande densité (8-12 milles pieds par hectare).
On a là un concept quasi-mystique : la plante doit descendre en profondeur pour vaincre le chaos. Ça se fait notamment au moment de l’arrêt de croissance quand la plante « comprend » qu’elle ne peut pas aller plus loin et met toute son énergie dans la production des fruits, dont dépend la survie de son espèce.
Ce passage se fait dans la souffrance : pour la plante et pour l’homme avec sa pioche. Et là on retrouve tout le mysticisme circestercien : pas d’élévation spirituelle sans souffrance.
3) Complantation
Ancienne technique viticole européenne, la complantation est un concept mystique, née avec St. Bernard.
Si on vous dit que tel ou tel autre cépage fleurit avant ou après les autres, ce n’est pas vrai : sur une même parcelle tous les pieds de vigne débourrent, fleurissent et font leur arrêt de croissance le même jour. Ils sont faits pour vivre ensemble, tels des notes différentes qui vont converger pour créer l’harmonie naturelle qu' est le vin.
Les vins de JM Deiss ? A l'image de sa réflexion, ils sont profonds, complexes et totalement uniques. Chacun d'eux est un monde en soi, avec sa structure, ses arômes, sa personnalité : autant d'éléments que l'on retrouve d'année en année pour chaque cuvée. Riches, ces vins de complantation sont des vins de contemplation, de méditation. Ils nous invitent à arrêter le temps pour découvrir et partager des saveurs inédites, et nous inscrire ainsi dans une profonde relation de la terre et du ciel, dont l'homme est l'entremetteur.
Et JM Deiss de nous rappeler à juste titre que cette relation est ce que nous devons comprendre comme étant la nature.
26 mars 2007
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